jeudi 4 décembre 2008





Ernestine Chassebœuf

Parcours:

Ernestine Chassebœuf a toujours vécu en Anjou. Née à Botz-en-Mauges, elle passe le certificat d'études et épouse en 1928 Edmond Chassebœuf, qui mourra en 1970. Elle habite la majeure partie de sa vie à Coutures, dans le Maine-et-Loire, où elle s'occupe de son jardin et de ses poules.
En 1999, elle commence à écrire des lettres dénonçant dans un style truculent et naïf dysfonctionnements et injustices. Alain Rémond et Jean Lebrun lui permettent d'acquérir une petite notoriété. C'est surtout à l'occasion de la querelle du droit de prêt en bibliothèque qu'elle se fait connaître en écrivant à tous les écrivains qui avaient signé la pétition réclamant le retrait de leurs livres des bibliothèques tant qu'un accord n'aurait pas été trouvé. Sur sa lancée, elle continue à écrire à des personnalités économiques, politiques, littéraires ou des médias ; son bon sens et sa franchise servant à mettre en lumière les incohérences et la médiocrité de notre société.




Œuvres:




La brouette et les deux orphelines. Correspondances sur le droit de prêt en bibliothèque, Vauchrétien : I. Davy ; Angers : Éd. Deleatur, 2000
Ernestine écrit partout, tome 1 (1999), Paris, Ginkgo, 2004
Ernestine écrit partout, tome 2, Paris, Ginkgo éditeur, 2004
Ernestine écrit partout, tome 3 (correspondances 2000-2005), Paris, Ginkgo éditeur, 2005




Extrait de La brouette et les deux orphelines. Correspondances sur le droit de prêt en bibliothèque, p. 42.




Lettre d'Ernestine Chasseboeuf:

Ernestine Chasseboeuf49320 Coutures
Le 24 mai an deux mille


À Monsieur Alain Decaux,
À une époque où il y a tant de chômage, c’est pas très normal de faire tant de métiers : la radio, la télé, les livres d’histoire, l’Académie française, et j’ai appris y a pas longtemps que les publicités et les ouatères payantes c’était Decaux aussi, faudrait peut-être laisser un peu de travail pour les autres, surtout les jeunes.
Ça m’étonnerait pas qu’elle soit de vous, l’idée de faire payer cent sous dans les bibliothèques. Quand on voit tout l’argent qu’on peut gagner avec les ouatères payantes, ça doit paraître bizarre qu’un autre besoin naturel comme la lecture continue à être gratuit.
Répondez-moi vite pour m’expliquer pourquoi vous avez lancé cette pétition, et tâchez de travailler un peu moins, à votre âge quand on en fait trop, c’est infarctus et compagnie.
Dans l’attente de votre réponse, j’espère que ma lettre vous trouvera de même.



Ernestine Chasseboeuf




Ernestine Chasseboeuf A l'Imprimerie Floch à Mayenne dans la Mayenne

Monsieur le directeur,
Jules Mougin ,c’est mon voisin et ami, m’a offert un livre de Jacques Vallet qui est aussi un ami à lui, c’est un roman policier , Une coquille dans le placard, ça s’appelle. J’ai pas été déçue par le livre sauf que les pages se sont mises à se décoller et que ça m’a étonnée de la part d’un livre de poche récent à 9 euros. Je croyais que la fabrication des livres faisait des progrès et ça m’a bien déçue. J’ai acheté le numéro 1 du livre de poche en octobre 1952, je peux vous dire qu’il tient toujours le coup, comme papier. Comme histoire, c’est Koenigsmark, ça tient plus le coup du tout, mais vous n’êtes pas responsable de ça, vous c’est juste le papier, l’encre et la colle. J’ai vérifié, c’était imprimé par Brodard et Taupin qui sont en Mayenne comme vous, peut-être vous pourriez leur demander avec quoi ils fabriquent leur colle. Si c’est une préparation tope secrète et qu’ils veulent pas vous renseigner, écrivez-moi, j’en fais une avec de la farine et des têtes de poissons, elle pue un peu mais elle colle bien, je pourrai vous recopier la recette.
En attendant que vous appreniez à fabriquer des livres de poche solides et pas chers, j’espère que ma lettre vous trouvera de même.




Ernestine Chasseboeuf

Aucun commentaire: